Industrie
Reconnaissance des carburants alternatifs dans le Clean Industrial Deal
Energia salue l’orientation stratégique définie par la commission Industrie (ITRE) du Parlement européen concernant le Clean Industrial Deal et, en particulier, la reconnaissance claire des carburants alternatifs dans ce cadre. L’Europe envoie ainsi un signal fort : l’ambition climatique de l’Union doit être ancrée dans la résilience industrielle et une approche technologiquement neutre de la décarbonation. En reconnaissant le rôle crucial des carburants alternatifs, la résolution de la commission ITRE souligne l’importance d’un large éventail de solutions pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. C’est essentiel pour les secteurs à forte intensité énergétique, comme la production de carburants, où l’électrification totale n’est pas toujours réalisable. Les technologies innovantes de carburants renouvelables et bas carbone sont prêtes à contribuer aux objectifs de décarbonation de l’Europe tout en renforçant la sécurité énergétique et la résilience des chaînes d’approvisionnement.
La résolution de la commission Industrie propose une feuille de route robuste et pragmatique pour la transition industrielle de l’Europe et plaide pour :
- La neutralité technologique**, garantissant qu’aucune solution viable ne soit écartée prématurément et que les objectifs climatiques soient alignés sur les besoins stratégiques en matière d’industrie et de sécurité énergétique ;
- Des trajectoires sectorielles spécifiques**, reconnaissant la diversité des réalités technologiques et d’investissement au sein des écosystèmes industriels européens, y compris les carburants alternatifs pour la décarbonation du transport ;
- Une approche de durabilité axée sur la performance**, où l’intensité carbone des produits est reconnue, plutôt que de juger uniquement les méthodes de production.
Wim De Wulf, Secrétaire général d’Energia : « Ce signal important intervient à un moment crucial : l’avenir industriel de l’Europe doit se construire sur la neutralité technologique et l’autonomie stratégique. Dans le secteur des carburants, l’ambition européenne de neutralité climatique à l’horizon 2050 est partagée, et des solutions multi-énergies sont déjà disponibles. Ce dont nous avons besoin maintenant, ce sont les conditions-cadres qui permettront à notre secteur d’accélérer sa transition vers la neutralité climatique. J’exprime le souhait que cette résolution soit adoptée par le Parlement européen et que les États membres, dont la Belgique, en tiennent compte dans leurs décisions politiques. »

Les raffineries dans la transition énergétique
Les raffineries belges contribuent positivement à la balance commerciale belge, à la sécurité de l’approvisionnement énergétique de notre pays, ainsi qu’à la chaîne de valeur pétrochimique belge. Elles constituent une base solide pour la transition énergétique sur le long terme grâce à :
- La part croissante de matières premières renouvelables dans le raffinage : biomasse, hydrogène renouvelable, etc.
- La part croissante des matières premières pour la pétrochimie, en ce compris le recyclage chimique (économie circulaire).
- Leur position idéale au cœur de l’Europe pour approvisionner les secteurs maritime et aérien en énergies renouvelables (Sustainable Aviation Fuel, biocarburants, carburants de synthèse,...).


Présidence belge de l’UE: une occasion unique pour façonner la politique industrielle
Janvier 2024 - La présidence belge du Conseil de l'Union européenne confère à notre pays une position privilégiée pour fixer l'agenda politique européen dans les mois à venir. La poursuite d'une politique industrielle globale et intégrée, liée à la réalisation des objectifs climatiques européens, est une priorité absolue de l'agenda politique, notamment en Belgique.
Une étude de Enersangi1 montre qu’en 2050, la production des raffineries de notre pays pourrait se composer à 90 % de produits renouvelables et bas carbone. Une réorientation de la production de carburants fossiles vers des énergies bas carbone et renouvelables pourrait réduire les émissions de CO2 d’environ 20 millions de tonnes/an. L'investissement pour cette transformation est estimé à 20 milliards d'euros d'ici 2050. En outre, une étude de l’agence flamande Vlaio2met en avant différentes trajectoires de transition et l'importance de l'utilisation de la biomasse comme énergie et matière première, de l'utilisation accrue de l'hydrogène et du captage et stockage (CCS) ainsi que de l’utilisation (CCU) du CO2. Les raffineries belges sont bien positionnées pour jouer un rôle clé dans ces domaines.
Nos recommandations politiques
- Un cadre politique stable, cohérent et stimulant à long terme (y compris le financement) est nécessaire pour encourager les investissements dans les technologies de réduction des émissions dans les raffineries. La Belgique, à l’instar de ce qui se fait chez nos voisins, devrait envoyer un signal clair pour attirer plus d’investissements dans notre pays.
- La flexibilité technologique est essentielle pour donner toutes leurs chances aux futures technologies. Des technologies prometteuses ne peuvent pas être exclues à l'avance.
- L'Europe reconnaît le ‘Carbon Capture Storage and Utilisation’ (CCSU) en tant que technologie stratégique ‘net zéro’. Notre pays doit également s’engager dans cette voie par des incitations à l'investissement afin d'accélérer sa transition et de soutenir son développement.
- Une politique d'octroi de permis transparente, stable et claire est essentielle pour soutenir les investissements futurs.
- Financement : la mise en place de mécanismes pour limiter les risques financiers (par exemple des ‘Carbon Contracts for Difference’).
- Les revenus de l’ETS (transport et bâtiments) en Belgique doivent être en partie réinvestis dans des projets innovants afin de soutenir leur transition énergétique.
- Préserver la compétitivité des raffineries dans la transition énergétique et garantir des conditions de concurrence équitables par rapport aux autres pays européens.
- Développer l’infrastructure nécessaire pour le captage de CO2, pour l’électricité, l’hydrogène et d’autres solutions énergétiques renouvelables par le biais de partenariats avec des pays tels que les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Danemark et la Norvège. Nos raffineries peuvent jouer un rôle essentiel à cet égard.
- La politique industrielle devrait soutenir le ‘co-processing’ (biocarburants et RFNBO3) en vue d’une utilisation efficace, à court et moyen terme, de produits bas carbone dans les raffineries. Ceci accélérera la transition énergétique.
- L’utilisation accrue de l’électricité (dans plusieurs domaines) et de l’hydrogène requiert une disponibilité croissante d’électricité renouvelable.
- L’industrie européenne est confrontée à un désavantage concurrentiel sur le plan des coûts de l’énergie et du CO2. Une protection adéquate contre le ‘carbon leakage’ (par exemple via le CBAM4 est essentielle. En Europe, il convient également d’éviter le goldplating par les États membres.
- Les raffineries constituent la base de l'industrie pétrochimique et joueront un rôle clé dans l'économie circulaire, grâce au recyclage chimique des matières plastiques. Pour que cela soit économiquement réalisable, une transition progressive vers l’utilisation de matières premières recyclées et/ou renouvelables est nécessaire5.
[1] Étude Enersangi 2022 : « Le potentiel de production des carburants liquides bas carbone et renouvelables des raffineries belges en 2050 »
[2] Deloitte – « Naar een koolstofcirculaire en CO2-arme Vlaamse industrie», par Vlaio (novembre 2020). Étude réalisée par Deloitte Belgique en collaboration avec la VUB-IES, Climact et AMS.
[3] Renewable fuels of Non-Biological Origin, biocarburants avancés et carburants renouvelables d’origine non biologique.
[4] CBAM: Carbon Border Adjustment Mechanism.
[5] Principe de « Mass balancing ».
La raffinerie de demain
La raffinerie de demain utilisera de plus en plus de matières premières renouvelables et recyclées.
